Au sein de la CPED, de nombreuses prises de parole témoignent de difficultés dans la réalisation des diverses missions. En 2019, l’enquête Périmètres et moyens menée par la CPED avait déjà montré que la majeure partie des commentaires libres trahissait un ressenti négatif sur les conditions d’exercice des personnes en charge de ces missions. Ainsi pour saisir avec pertinence et nuance les réalités de celles et ceux qui sont en charge de l’égalité, il nous a paru essentiel – en complémentarité avec l’enquête REMÈDE – de recourir à des entretiens qualitatifs. Nous avons ainsi produit un appel à entretiens en parallèle de l’enquête par questionnaire diffusée à tous les établissements. Ces entretiens ont été l’occasion d’échanger en profondeur sur l’organisation et le fonctionnement des missions et des dispositifs, de mieux en comprendre les enjeux locaux mais aussi de recueillir le ressenti des personnes en charge de l’égalité dans l’enseignement supérieur et la recherche, en l’articulant.

Dix-huit entretiens ont été réalisés, avec des personnes de dix-sept établissements différents (quatorze universités et trois grandes écoles). Ces établissements vont d’une structure accueillant moins de deux-cent étudiant·es à de grandes universités dépassant largement les 50000 étudiant·es, suite à des fusions d’établissements.

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Les propos recueillis attestent tout d’abord de l’engagement souvent inconditionnel des chargé·es de mission égalité et du personnel recruté en support. Cette mission a du sens et correspond à des valeurs fortes. Cependant elles et ils expriment aussi une forme de désillusion et de saturation. Le ressenti est finalement plutôt négatif et certaines personnes sont apparues dans des situations de vulnérabilité institutionnelle, professionnelle et parfois aussi relationnelle, devant faire face à des injonctions contradictoires : répondre aux exigences légitimes d’agir pour l’égalité, contre les violences et les discriminations et se trouver dans l’impossibilité de le faire à la hauteur des nécessités, faute de moyens, de marge de manoeuvre, voire de confiance.

Les personnes interrogées ont témoigné de difficultés récurrentes et fait apparaître ce qui s’apparente à une forme de souffrance au travail, liée à l’isolement, à la surcharge de travail, à l’absence de considérations… Pourtant, elles ne sont pas dans une posture d’abandon. Ce qui ressort des entretiens, c’est qu’elles proposent des améliorations tant au plan local qu’au plan national, des propositions qui s’appuient sur leur très bonne compréhension de ce qui freine l’exercice de leur mission.

Leur capacité à se faire forces de proposition est indéniable.
Leur désir de mettre en oeuvre les politiques publiques en faveur de l’égalité est indiscutable.
Leur expérience de la mission néanmoins inconfortable.